♦ Revanche

Cat Clarke

Edition : Robert Laffont

Collection : Collection R

Genre : Jeunesse
18,50 € ____ 491 pages
Paru en France en 2013
_____________________

La vie est injuste.
Jem Halliday est amoureuse de Kai, son meilleur ami, qui est gay. Pa vraiment l'idéal, mais Jem s'est faite à l'idée.

La vie est cruelle.
Une vidéo de Kai en compagnie d'un garçon a été postée sur Internet. Il ne l'a pas supporté et s'est suicidé.

Sa vie ne sera que vengeance.
Quoi qu'il lui en coûte, Jem a décidé de découvrir qui sont les responsables, et de les faire payer, un à un, jusqu'au dernier...

 ___________________________________________________

Note : 8/10. Comment ressortir indemne d'un tel roman ?
___________________________________________________

Qu'en penses-tu, Erenella ?

Revanche est un livre qui fait beaucoup parler de lui sur la blogosphère depuis sa sortie l'année dernière. Voulant me faire moi-même mon propre avis après avoir vu de nombreux éloges à son sujet, j'ai tenté l'aventure avec ma copinaute Morgane. Et moi aussi j'ai été prise dedans !

Cat Clarke évoque selon moi des sujets épineux mais tellement peu exploités par les écrivains que l'on est forcément retourné, perturbé, bouleversé en étant confronté à ce genre de roman. L'homophobie et le suicide. Des choix pessimistes et fatalistes. Le personnage de Kai est de ceux auxquels on ne peut que s'attacher. Qu'importe son orientation sexuelle, pourvu que ça reste de l'amour ! Cependant certaines personnes de son entourage ne l'ont pas accepté, et à cause d'eux, Kai, le gentil garçon, l'ami dévoué de Jem a décidé de mettre fin à sa vie. Le suicide. Il engendre les phases du deuil pour les proches, une envie de vengeance aussi parfois. Doit-on pour autant s'y résoudre ? J'ai beaucoup aimé ce roman pour les nombreuses questions qu'il nous pose, et aussi parce que trouver un roman dans le rayon jeunesse en évoquant ce genre de thème, je trouve ça rare et bien. Parce que c'est d'actualité, et que c'est un appel à la tolérance et je trouve que c'est un moyen de sensibiliser les jeunes. La méchanceté entre les collégiens ou lycéens (ou même dès le primaire !) pendant la scolarité, on n'a pas idée de ce que c'est tant qu'on ne la vit pas. Et quand je vois le nombre de reportages qui sont tournés là-dessus, je trouve ça inquiétant pour notre société et son futur.

Mais revenons au roman. Grâce à ce sujet original, Cat Clark a su capter mon attention. De plus, je me suis beaucoup attachée à Kai. Il est présenté d'une façon tellement angélique que son histoire m'a rendue triste. Jem est également un personnage que j'ai apprécié, mais toutefois pas autant que je l'espérais. On sent sa résignation, son envie de prendre une revanche sur les "assassins" de son meilleur ami de toujours. On a envie de la soutenir même si ce qu'elle a en tête n'est pas forcément bien. Mais jusqu'où irait-on par amour ?  Mais j'ai trouvé que parfois l'auteure en faisait un peu trop de ce côté-là. Et le fait que le niveau de langue s'adapte à celui des ados, c'est terriblement cliché et le langage parfois familier à fait que je me détachais de Jem. En fait, je l'ai trouvé intéressante mais ne m'y suis pas attachée autant que je l'aurais voulu. C'est vraiment dommage, juste à cause de l'écriture, même si l'intention de nous plonger dans la tête de Jem était bonne.

Concernant les personnages secondaires, j'ai bien aimé la façon dont ils sont amenés et la psychologie sur laquelle on joue. La petite soeur de Kai a son caractère bien à elle, et je ne l'ai pas du tout aimée. Lucas m'a bien plu, même si au début j'avais du mal avec lui. Sacha, assez superficielle sur les bords, a aussi réussi à retenir mon attention finalement. J'ai eu plus de mal avec les autres. Mais c'est le fait que l'on se sache dans un plan de vengeance qui engendre la méfiance envers tous les personnages du livre. On cherche les coupables.

La fin, comment vous en parler ?... Elle est tellement attendue et inattendue à la fois ! Je m'explique : ayant lu déjà beaucoup de chroniques au sujet de ce livre, je savais déjà que je devais m'attendre à quelque chose de surprenant. Aussi j'ai imaginé beaucoup de choses. Et j'avais presque raison. Pourtant le fait que le tout se soit concrétisé (entre autres surprises de taille dans le dénouement !!) m'a beaucoup perturbée. J'ai terminé ce roman un matin, et n'ai pu me résoudre à démarrer un autre livre de la journée. Même le soir, j'ai eu du mal à m'endormir en repensant à la dernière scène, à la dernière phrase du roman. Je tire mon chapeau à Cat Clarke pour avoir réussi à me mener par le bout du nez sur certaines choses !

En conclusion, je dirais que ce roman est très addictif ! Une fois que l'on démarre, on a du mal à penser à autre chose. Il se lit très vite. J'insiste encore une fois sur le fait que le sujet soit très bien choisi et bien exploité, le but étant à mon avis de toucher le lecteur au plus profond de lui-même. Car le sujet est tout de même d'actualité et les romans sur le sujet sont à mon avis à encourager. C'est un roman assez perturbant, et je sais que je suis marquée pour un bout de temps avec lui.  Je le conseille vivement, mais attention dans l'état d'esprit dans lequel vous serez en sortant de cette lecture ! C'est assez malsain tout de même...

____________________________________________________________________________________________________

En voici  quelques citations :

« Je crois que ce que j'essaie de te dire, c'est que si tu rencontres des gens qui te rendent heureuse - mais vraiment heureuse - accroche-toi à eux. Parce que ça n'arrive pas si souvent. »

« Kai qui nous aimait autant l'une que l'autre, souhaitait juste qu'on s'entende sa sœur et moi. Il n'a jamais vu son rêve se réaliser. Il ne passera jamais son permis. Il n'ira plus boire de coups au pub. Il ne votera pas non plus. Kai ne fera rien de tout ça. A cause de ce qu'ils lui ont infligé. »

« Il me manque tellement. Ça ne devient pas plus facile. Peu importe ce que les gens disent, le temps ne guérit pas les blessures. Il vous montre simplement de nouvelles, et encore plus douloureuses manières de souffrir de l'absence de quelqu'un. Plus cette personne est partie depuis longtemps, pire c'est, parce qu'on commence à oublier son sourire, sa façon de pencher la tête lorsqu'elle réfléchissait, de vous regarder et de deviner ce à quoi vous pensiez. Bientôt, on se met même à avoir la sensation que les souvenir sont étés remplacés par des images photographiques - comme si la seule façon de se rappeler cette personne se trouvait désormais sur un cliché, et qu'elle devenait bidimensionnelle. Et comme ça déchiré le cœur rien que d'y penser, on évite de le faire.  »

____________________________________________________________________________________________________

L'avis de ma partenaire Morgane :