23 déc. 2013

♦ La couleur des sentiments

Kathryn Stockett
Edition : Actes Sud
Collection : Babel
Genre : Contemporain
9,70  ____ 609 pages
Paru en France en 2010
Résumé :
Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s'occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L'insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s'enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s'exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu'on n'a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l'ont congédiée.
Mais Skeeter, la fille des Phelan, n'est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s'acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l'a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même laisser un mot. La jeune bourgeoise blanche et les deux bonnes noires, poussées par une sourde envie de changer les choses malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante.

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Note : 7,75/10. Un roman qui prône la tolérance !
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Qu'en penses-tu, Erenella ?

Voici enfin la chronique de La couleur des sentiments, un livre que j'ai lu en août dernier pour une lecture commune avec Laura du Bal des livre fous (le lien vous redirige directement vers sa chronique !). J'ai beaucoup aimé l'histoire : j'ai été séduite par les personnages, mais la grande force du livre réside bien évidemment dans le sujet captivant et poignant choisi par Kathryn Stockett.

A une époque où toutes les bonnes Noires du Mississippi sont soumises aux ordres des blanches, on découvre Aibileen et Minny, deux bonnes aux services de familles riches. J'ai tout de suite eu un coup de coeur pour ces deux personnages aux caractères bien différents : Aibileen est calme et réfléchie, tandis que Minny fonce littéralement dans le tas et s'occupe des conséquences de ses paroles/actes seulement après. Elles représentent tout ce que les femmes noires de l'époque ont endurées. Aibileen me touchait beaucoup dans les passages où on la voyait s'occuper de la fille de ses employés. Agée d'à peine 2 ans au début du livre, la petite fille adore Aibileen, et c'est récirpoque. Le lien qui les unit toutes les deux est très fort et très triste à la fois : il y aura un jour où fatalement Baby Girl grandira et se mettra à penser comme les autres que les noirs sont inférieurs aux blancs. Tous les extraits abordant cet aspect-là m'ont énormément touchée. D'autant plus que sa propre mère ne s'en occupe pas beaucoup : c'est le job de la bonne de veiller à l'éducation des enfants.

Et Skeeter Phelan alors, qui c'est ? C'est une fille blanche, qui cherche désespérément à retrouver Constantine, la bonne qui l'a élevée. Il y a autour de son départ un secret que personne ne veut lui révéler. J'ai beaucoup apprécié cette femme différente des autres gens de sa classe qui voit en sa bonne une personne semblable à toutes, malgré une couleur de peau différente. Sa façon de penser est moderne (aujourd'hui il y a beaucoup moins de racisme qu'à l'époque, on est d'accord ?) ce qui est difficile à accepter à l'époque.

Le lien qui unit ses 3 femmes est beau et unique, j'entend par là qu'on passe par toutes les étapes : le dégoût de l'union, la méfiance, la peur. Mais au final, tout cela aboutit à une amitié consolidée par l'écriture d'un livre sensé faire réagir et bouger les choses, rédigé dans le plus grand secret.

Concernant l'écriture, j'ai beaucoup aimé le fait qu'il y ai une différence de langages entre les moments où ce sont les femmes noires qui s'expriment et Skeeter. En effet, lorsque que ce sont Aibileen et Minny les narratrices, le livre est écrit en "sautant" des mots : par exemple il n'y a qu'une partie de la négation (voir citations ci-dessous) ce qui fait qu'on voit bien que les femmes écrivent comme elles parlent. Tandis que lorsque c'est Skeeter qui nous raconte quelque chose, le niveau de langage est tout de suite plus soutenu et raffiné. Cela démontre encore une fois la différence de milieu dans lequel vivent les narratrices. Il y a quelques clins d'oeil à M. Luther-King et Rosa Parks, ce qui est appréciable : on est ainsi vraiment plongé au coeur de l'époque, tout est bien contextualisé.
Il y a cependant un petit élément qui a fait que ma lecture n'a pas été aussi bonne que je l'espérais : il y a quelques passages qui traînent en longueur lorsque Skeeter est la narratrice : sa romance ralentit plus l'intrigue au lieu d'apporter quelque chose à mon goût.

Pour finir, j'aimerais parler des remerciements à la fin du livre : c'est à ce moment que l'on voit où l'auteure à puisé son inspiration : de son enfance, avec les moments qu'elle a passé avec sa propre bonne. Aibileen, Minny et même Constantine, c'est la femme qui a élevé la petite Kathryn. Ce roman est une sorte d'hommage fait pour elle, et je pense que sans ces remerciements j'aurais abaissé la note du roman. Parce que je me serais dit que l'auteure aurait réussi à nous écrire un bon roman, mais qu'elle aurait choisi un sujet qui la touchait simplement de l'extérieur. Et voir qu'elle a puisé dans son vécu pour l'écrire, ça change tout. Elle est un peu la Skeeter de son propre livre, et sa Constantine lui manque.

Bien que ce livre fût une excellente lecture, j'ai mi du temps à le lire et les quelques longueurs font que ce n'est pas un coup de coeur malgré tout le reste positif : les personnages, leur union, l'époque m'ont tous touchée. Je rappelle assez souvent que la ségrégation est un sujet qui me touche beaucoup, et ce roman est juste excellent par rapport à cela. Je le conseille vivement, ce n'est pas pour rien si il est l'un des livres les plus appréciés par les lecteurs de 2012 et 2013 !
Voici la bande-annonce du film :

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En voici quelques citations :

« je lui explique que c'est pas la couleur de l'emballage qui compte mais ce qu'il y a dedans. »


« Je suis revenue à la maison ce matin-là, après qu'on m'a renvoyée, et je suis restée dehors avec mes chaussures de travail toutes neuves. Les chaussures qui avaient coûté autant à ma mère qu'un mois d'électricité. C'est à ce moment, je crois, que j'ai compris ce qu'était la honte, et la couleur qu'elle avait. La honte n'est pas noire, comme la saleté, comme je l'avais toujours cru. La honte a la couleur de l'uniforme blanc tout neuf quand votre mère a passé une nuit à repasser pour gagner de quoi vous l'acheter et que vous le lui rapportez sans une tache, sans une trace de travail. »


« J'ai envie de crier assez fort pour que Baby Girl m'entende, de crier que sale, c'est pas une couleur, que les maladies, c'est pas les Noirs. Je voudrais empêcher que le moment arrive - comme il arrive dans la vie de tout enfant blanc - où elle va se mettre à penser que les Noirs sont moins bien que les Blancs. »
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L'avis de mes partenaires Laura et Julie


15 commentaires:

  1. J'ai adoré le film et en lisant ta chronique, j'ai très envie de découvrir le livre ! Le point que tu soulèves avec la romance de Skeeter, on le ressent moins dans le film, mais l'histoire principale n'est pas là :)

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  2. Pas de coup de coeur chez moi non plus (il manquait un petit quelque chose pour y arriver, mais je ne sais pas trop quoi) mais une très bonne lecture. J'ai trouvé ce roman humain et touchant et les personnages principaux haïssables ou, a contrario, aimables et pour qui on ne peut que ressentir qu'empathie et compassion. Mais, en même temps, La Couleur des Sentiments n'est pas un roman manichéen visant à glorifier ou stigmatiser telle ou telle catégorie de personnes. On reste dans une juste évocation de ce que pouvait être la vie aux Etats-Unis avant que la communauté noire ne décide de se battre pour la reconnaissance de ses droits.

    En ce qui concerne les personnages, j'ai bien sûr bien apprécé Aibileen et Minny mais aussi Skeeter, un personnage assez complexe et attachant. :)

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  3. j'ai seulement vu le film que j'ai aimé

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  4. Il se trouve dans ma PAL, il est temps que je le lise ! Il me tente depuis si longtemps..

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  5. C'est un livre que j'aimerais beaucoup lire .

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  6. Pour moi, ce livre avait été un coup de coeur :)

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  7. Je l'ai lu il y à quelque temps, je me souviens d'avoir bien aimé mais j'avais adoré le film ;)

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  8. J'aimerais beaucoup le lire!

    Evasion-litteraire

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  9. Ce livre me tente vraiment énormément !

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  10. Alors pour moi par contre ce roman a été un super coup de coeur. Je m'attendais à un bon livre mais pas a autant.
    J'ai apprécié que les personnages ne soient pas glorifiés ou bien trop noirs. Ils sont réalistes avec des défauts et des qualités aussi bien chez les noires que chez les blanches. Pour moi ça a été un sacré plus. Et puis l'histoire est tellement belle, cette amitié qui se construit pas à pas sous nos yeux.
    Et comme toi j'ai adoré lire les remerciements et voir qu'elle s'était inspiré de sa propre vie. Ça nous donne tout de suite un autre regard sur le roman.

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  11. J'ai de bons souvenirs qui me reviennent en lisant ta chronique. Les personnages me manquent un peu, la douceur d'Aibileen notamment ! Il faudrait que je regarde le film a l'occasion mais j'ai un peu peur d'être déçue par rapport au livre.

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  12. J'ai vu le film, mais le livre me fait un peu peur à cause de sa longueur! Par contre, je dois avouer que que j'ai quand même envie de découvrir le roman..

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  13. J'aimerai énormément le lire ! :) Il sera dans mes futurs achats :)

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  14. Je pense voir le film bientôt, avant de me lancer dans le livre qui a l'air assez long :)

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  15. C'est vrai que la romance de Skeeter détonne un peu dans cet univers assez profond… mais ça ajoute une petite touche de légèreté, et ça montre bien le poids des conventions dans la bonne société américaine des 60s. Moi, ça ne m'a pas dérangée. Pour le reste, je suis totalement d'accord avec toi ! Je viens de publier ma critique, si jamais ça te tente :). A bientôt !

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