19 juil. 2013

Noire destinée


Jean Flament
Edition : Liv'Editions
Collection : Létavia Jeunesse
Genre : Jeunesse
7,47  ____ 125 pages
Paru en France en 1998
Résumé :
Nantes, 1760. Une adolescente de 13 ans, fille d'un armateur nantais, découvre l'ignominie de l'esclavage sur le bateau qui l'emmène à l'île de France.
Un roman d'amitié et de sang dont les auteurs ont l'âge de leur héroïne : ils sont élèves en quatrième au collège Notre-Dame-de-Toute-Aide, à Nantes.
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Note : 7/10. Un livre rempli d'espoir sur un thème historique qui me touche.
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Qu'en penses-tu, Erenella ?

Un petit mot tout d'abord concernant le livre et ses auteurs. Comme il est dit dans le résumé, ce livre a été écrit par des élèves de quatrième, bien sûr secondés par leur professeur. Je suppose que c'est donc la personne nommée Jean Flament. Cependant ce roman n'est pas né de leur pure imagination. En effet, ils se sont inspirés d'un roman déjà existant, Les demoiselles de l'île Feydeau, écrit par Yvon Mauffret et publié dans la même édition. Ils ont en fait repris les personnages et l'histoire là où elle s'était arrêtée afin d'en écrire la suite. J'ai trouvé ça très courageux de leur part, surtout lorsque j'ai lu ce livre pour la première fois en CM1. J'étais vraiment admirative de ces collégiens-écrivains !

La plume est agréable et fluide, constitués de mots simples dans l'ensemble, même si on voit bien qu'il y a eu un travail de recherche concernant les termes précis de la navigation ou encore le sujet principal du livre : la traite des noirs. Des mots plus savants sont ainsi employés, ce qui est assez barbant quand on est au primaire (je suis témoin !!). Cependant avec l'âge, c'est vraiment appréciable. Non seulement le lecteur en apprend davantage, mais ce travail de recherche a aussi dû être intéressant pour les jeunes auteurs.

L'histoire en elle-même me touche beaucoup par son sujet : Pascaline, jeune adolescente, embarque à bord d'un navire qui l'emmène vers une île où elle doit passer quelque temps avec sa famille. Durant la traversée, elle se pose beaucoup de questions sur la traite des noirs, l'esclavage et tout ce que cela implique. Elle commence à voir que ce n'est pas juste pour ces gens de couleurs, qui restent des hommes malgré tout, et surtout qui n'ont rien fait pour souffrir autant ! Une fois sur l'île, une scène assez terrible me reste en mémoire, et montre bien la cruauté dont l'Homme est capable envers ses semblables. Il s'agit de la scène où on explique à Pascaline quelles sont les punitions que risquent les esclaves si ils n'obéissent pas à certaines obligations, ou pire : si ils tentent de s'enfuir. Sauf qu'un homme a décidé de le faire, et on nous décrit sa douleur..

Voilà donc le cadre parmi lequel évoluent les personnages. En plus de Pascaline, l'héroïne, on croise d'autres personnages plus ou moins sympathiques. Entre sa famille, les marins et deux autres hommes, on voit bien une sorte de paradoxe qui se créée : celui de ceux qui sont gentils dans le fond et font le mal sans le vouloir (conduire des noirs d'une terre à une autre, parce que c'est à nous que la charge revient) et ceux qui sont cruels mais dont les actes paraissent normaux et sont acceptés par tout le monde (les gardes des esclaves qui les punissent).

N'oublions pas le principal : Pascaline a un ami qui compte beaucoup pour elle. Mais cet ami, Samuel, est noir. Ce personnage n'est pas forcément très présent, pourtant il joue un rôle capital dans la réflexion de Pascaline sur ce dont elle est témoin, et surtout permet au lecteur de comprendre où résidait le problème lié à l'éthique à cette époque-là.

La fin m'avait bien marquée en primaire par sa brutalité, et la relire fût encore un choc. Elle est malgré tout pleine pleine de poésie, de rêve de liberté et surtout d'espoir.

Un point un petit peu à part : je tenais à souligner le choix du titre : Noire destinée. Je le trouve parfait ! On n'aurait pu trouver mieux il me semble. En effet, il peut signifier à la fois "la vie des noirs en 1760", vie qu'ils doivent mener à cause de leur couleur de peau, mais il peut aussi vouloir dire "le sombre destin qui les attend" avec la couleur noire, souvent synonyme de mort et de malheur.

Donc, bien que ce livre soit une suite d'un roman déjà existant écrit par des collégiens (on pourrait croire que c'est un livre qui ne peut pas plaire dans ses conditions), c'est en réalité une très belle lecture, pleine de réflexion sur la traite des noirs au XVIII et très bien écrite. Elle s'adresse bien sûr à un jeune public entre 10 et 14 ans je dirais, cependant à 17 ans je ne trouve pas que ce soit un livre à ne pas lire sous prétexte qu'on est trop âgé. Je le conseille donc volontiers. De plus, je me ferais un plaisir de découvrir l'oeuvre d'Yvon Mauffret, puisque c'est là l'origine même de Noire destinée et que, vous l'aurez compris, le sujet me touche énormément.

8 commentaires:

  1. J'aime bien le sujet traité, mais je ne pense pas le lire, par contre...

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  2. Ce livre m'a l'air touchant. Je pense le lire un jour. :)

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  3. Après avoir lu ton avis, je serai bien tentée mais je ne pense pas le lire de moi-même :)

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  4. Je trouve que c'est un super idée de faire écrire des élèves sur un tel sujet. Déjà ça leurs a surement appris beaucoup sur la traite des noirs et puis même au niveau de l'écriture ils ont du apprendre a ne pas faire de fautes, développer leurs idées tout ça. Bref c'est vraiment intéressant. Après je ne pense pas lire le livre ou du moins pas dans l'immédiat.

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