14 juil. 2014

♦ Cannibale

Didier Daeninckx
Edition : Folio
Genre : Historique
4,50  ____ 108 pages
Paru en France en 1998

Paris 1931, l'Exposition coloniale. Quelques jours avant l'inauguration officielle, empoisonnés ou victimes d'une nourriture inadaptée, tous les crocodiles du marigot meurent d'un coup.
Une solution est négociée par les organisateurs afin de remédier à la catastrophe. Le cirque Höffner de Francfort-sur-le-Main, qui souhaite renouveler l'intérêt du public allemand, veut bien prêter les siens, mais en échange de Kanak. Qu'à cela ne tienne !
Les "cannibales" seront expédiés.
Inspiré par ce fait authentique, le récit déroule l'intrigue avec, en arrière-plan, le Paris des années 30 - ses mentalités, l'univers étrange de l'Exposition - tout en mettant en perspective les révoltes qui devaient avoir lieu un demi-siècle plus tard en Nouvelle-Calédonie.
 ______________________________________________________________________

Note : 7/10.  Intéressant, ce livre offre une belle réflexion sur l'Homme en général.
______________________________________________________________________

Qu'en penses-tu, Erenella ?

Etudié en classe de première dans le cadre du cours sur l'argumentation, j'ai lu ce roman peu de temps avant la création du blog. Aujourd'hui j'ai voulu le relire afin de lui rédiger sa chronique ! Parce qu'il est vraiment intéressant sur la question du fonctionnement de l'être humain.

Nous suivons dans ce court roman Gocéné, un Kanak de Nouvelle-Calédonie, qui va embarquer avec quelques uns des siens pour un voyage vers Paris. Direction : Le parc de l'exposition coloniale ! Entouré de Badimoin, son meilleur ami et Minoé, sa fiancée, c'est ensemble qu'ils vont gagner l'Europe. Et c'est si cruel de constater que, même dans les années 1930 (relativement proches de nous), l'homme français voit encore l'homme kanak comme un animal. Leur dignité et leur identité propre sont souillées, les Kanaks sont contraints d'imiter de véritables sauvages et de simuler une vie qui n'est pas la leur devant un public qui semble conquis. De là vient la rumeur qui les traite de cannibales. J'étais outrée d'apprendre avec quel réalisme l'auteur nous retranscrivait cette partie de l'histoire. Mais c'est là tout son but.

Tout va changer lorsque, comme dit dans le résumé, les crocodiles du parc décèdent subitement. Pour les remplacer, il aura fallu signer un contrat avec l'Allemagne : on échange des crocodiles aux français si ils nous envoient des "sauvages" pour notre cirque à nous, allemands. Forcément, la fiancée de Gocéné sera sur la liste des déportés...

Là où est l'originalité du livre, c'est déjà qu'il n'y a pas de chapitres. Les actions s'enchaînent, mais les seules coupures, pourra-t-on dire, ce sont les premières pages et dernières qui servent de prologue/épilogue. On démarre le livre au présent, on découvre en Gocéné un personnage réfléchi et profondément marqué par l'expérience, qui a beaucoup à apprendre aux jeunes qu'ils rencontrent à ce moment-là. On retrouve ce présent à la toute fin. Entre les deux (l'histoire elle-même) Gocéné nous raconte son histoire, son voyage à Paris et ce qu'il aura du faire pour retrouver la trace de sa fiancée.

Car comment s'échapper d'un zoo où l'on est traité comme un animal, sans conscience ? Comment se repérer dans une ville lorsque l'on ne connaît que la nature et ses ressources ? C'est là toute la question qui se pose, en plus de l'intrigue avec la recherche de Minoé. Une vraie course contre la montre est engagée. On en apprend beaucoup sur la culture des habitants de Nouvelle-Calédonie, leurs croyances notamment.  C'est quelque chose que j'ai beaucoup aimé dans ce livre.

Clairement, on déteste les français le temps de ce livre quand on sait que dans les mœurs de l'époque on autorisait encore ce genre de pratiques sur l'absence de liberté de nos semblables. Deux autres personnages bons viennent se greffer à l'histoire pour venir en aide à Gocéné et Badimoin, dont un ayant vécu un passé difficile. Il m'a beaucoup touché. Le second survient vers la fin, et je l'ai beaucoup aimé pour le courage dont il fait preuve.

Vraiment, c'est un livre que je recommande. A travers ce roman, Didier Daeninckx prône la tolérance, et on ne peut pas rester insensible face au destin des Kanaks (qui pour ma part était un peuple que je ne connaissais pas jusqu'alors). Un devoir de mémoire, car le pays des Droits de l'Homme n'est pas toujours si bon qu'on le dit, et je trouve bien de voir parfois la vérité en face à travers notre propre Histoire.
____________________________________________________________________________________________________

En voici quelques citations :

« Vous tous qui dites "hommes de couleur", seriez-vous donc des hommes sans couleur ? »


« J'étais l'un des seuls à savoir déchiffrer quelques mots que le pasteur m'avait appris, mais je ne comprenais pas la signification du deuxième mot écrit sur la pancarte fichée au milieu de la pelouse devant notre enclos : Hommes anthropophages de Nouvelle-Calédonie. »

« Le respect, chez nous en pays Kanak , il ne vient pas à la naissance comme la couleur des yeux . Il se mérite tout au long de la vie. »


« Tu vois, on fait des progrès : pour lui nous ne sommes pas des cannibales mais seulement des chimpanzés, des mangeurs de cacahuètes. Je suis sûr que quand nous serons arrivés près des maisons, là-bas, nous serons devenus des hommes. »
____________________________________________________________________________________________________

6 commentaires:

  1. J'ai beaucoup beaucoup aimé ! :D J'en ai fais la chronique sur mon blog ;)

    RépondreSupprimer
  2. Ca doit un livre intéressant en tout cas! Peut-être que je me laisserais tentée...

    RépondreSupprimer
  3. Je ne sais pas si tu as vu mais il a été adapté en bande dessinée. Voici le lien sur Livraddict : http://www.livraddict.com/biblio/book.php?id=8082

    RépondreSupprimer
  4. Il pourrait être intéressant :)

    RépondreSupprimer
  5. Je l'ai lu il y a très longtemps, en seconde je crois bien ou ne première et je n'avais pas vraiment bien apprécié je crois bien ...

    RépondreSupprimer